Merci pour tout, Michel

Michel Verschueren naquit le 17 mars 1931 à Boortmeerbeek. Grand sportif depuis le plus jeune âge, il fut diplômé d’éducation physique à la Katholieke Universiteit Leuven. Joueur au KRC Boortmeerbeek, il en devint ensuite coach durant deux saisons. Michel s’engagea à l’Eendracht Aalst en tant que préparateur physique en 1958. Dans ce rôle, il arriva pour la première fois en 1963 au RSCA, où il introduisit l'approche académique de l'entraînement physique dans le football professionnel. Il collabora avec les entraîneurs Pierre Sinibaldi, Arnold Deraeymaeker, András Béres et Norberto Höfling. Après six saisons, il resta fidèle à ce dernier quand il s’engagea au Daring.

Rappelé par Constant Vanden Stock, Michel Verschueren est revenu au Parc Astrid en 1980. Sous sa conduite experte durant vingt-cinq années, le Sporting a connu une période dorée, lors de laquelle onze titres de champion, trois coupes de Belgique et la légendaire Coupe de l’UEFA (1983) ont été engrangés. Mais Mister Michel ne s’est pas contenté de faire gonfler un palmarès. Il fut aussi précurseur hors du terrain en convaincant son illustre président de ses idées très avant-gardistes. Ensemble, ils changèrent radicalement la face de notre stade. De solides modernisations qui furent auto-financées grâce aux loges et aux seats, une grande nouveauté à l’époque.

Durant sa longue période en tant que manager général du RSC Anderlecht, Michel Verschueren a évidemment réussi quelques transferts impressionnants. Juan Lozano en reste naturellement l’exemple le plus célèbre. Un deal que Mister Michel a réussi à réaliser in extremis, juste avant la clôture du mercato, dans un aéroport. Un transfert à un prix dérisoire pour un joueur de cette classe, qui fut revendu pour un prix largement supérieur. Marc Degryse, recruté chez le rival brugeois, est un autre bel exemple de ses choix sportifs d’envergure. Michel avait clairement le flair pour dénicher des talents, le sens des affaires et le don de convaincre ses interlocuteurs.

Le rôle principal d’un dirigeant de club de football est cependant de mener ses troupes à la victoire. Et c’est sûr, Michel était un gagnant. Mais si nos supporters ne devaient garder en mémoire qu’un seul moment de son épopée anderlechtoise, il s’agirait sans aucun doute du succès historique obtenu un soir de mai 1983 à Lisbonne. Un triomphe à l’Estádio da Luz face à Benfica. Un match d’anthologie que chaque fan au cœur mauve connaît sur le bout des doigts, avec une tête plongeante mémorable de Juan Lozano. El Matador restera d’ailleurs à tout jamais le joueur préféré de Mister Michel, parce que l'Andalou savait vraiment tout faire des deux pieds.

Michel Verschueren ne sera jamais non plus oublié par l’ensemble des membres du personnel du Royal Sporting Club Anderlecht qui l’ont fièrement côtoyé tout au long de ces années. De fidèles collègues par lesquels il était à la fois craint, mais d'abord et surtout extrêmement respecté et aimé. Un homme à la main de fer dans un gant de velours. Une nouvelle étoile a rejoint le ciel la nuit dernière. Une belle étoile comme celle que le Renard Argenté et l’ensemble du personnel du Saint-Guidon – un restaurant naturellement de haute gastronomie qu’il a géré au quotidien au sein même de son stade pendant vingt ans – avait conquise avec une très grande fierté.

Lors de la saison 2003-2004, c’est donc avec la tête très haute qu’il fit son entrée dans le conseil d’administration du Sporting. Michel a ensuite toujours conservé la même implication et un regard très aiguisé sur son club, jouant aussi au rôle extrêmement important au sein de l’ECA (European Club Association). C’est dans ce contexte et lors de nos nombreux voyages européens, auxquels il participait toujours avec les mêmes intérêt et enthousiasme, qu’on pouvait se rendre compte du grand respect que témoignaient d’autres très grands personnages du football européen à celui qui restera éternellement une icône du Royal Sporting Club Anderlecht.