L’un des nôtres

En ces temps de quarantaine, nous voulons prendre le temps de nous rappeler des moments spéciaux et de nombreuses figures qui ont façonné notre impressionnante histoire.

Il fut sacré six fois champion avec le Royal Sporting Club Anderlechtois. Le brillant gardien de but excellait par ses excellents réflexes et son exceptionnelle prestance. En été, il jouait également à la balle pelote avec les Amis du Sporting sur la place de la Vaillance. Un sport très populaire à l'époque. "Celui qui sait s’en sortir avec une petite balle sait aussi s’en tirer avec une grande", avait-il pris l'habitude d'expliquer.

Henri “Rie” Meert (27/08/20) naquit à Schaerbeek, mais il déménagea rapidement avec sa famille à Anderlecht. À huit ans, il s'inscrivit avec des amis au Sporting. Il joua dans toutes les équipes de jeunes et il débuta à 23 ans lorsque Jean Mertens, le titulaire de l'époque, déclara forfait, parce que son quartier à Zele avait été frappé par un bombardement. À son retour, Henri dut cependant reprendre place sur le banc de touche.

Après quelques semaines, les supporters réclamèrent un changement et Henri défendit à nouveau notre but le 28 novembre 1943. Sa carrière dura dix-huit ans et il collectionna 33 sélections avec les Diables Rouges. Il apprit beaucoup de son entraîneur irlandais Ernest Smith. Notamment à frapper le ballon avec plus de précision grâce aux fameux drop shots. Ce keeper indissociable de sa casquette de travailleur vivait comme un ascète. Henri s'entraînait par exemple souvent en solitaire dans le Parc Astrid tôt le matin.

En octobre 1953, ce gardien de légende fut à la base de la victoire historique à Londres, sur le terrain d'Arsenal. Les Gunners furent défaits sur la marque de 2-3. Ce jour-là, Henri Meert a quasiment tout arrêté, comme d’ailleurs lors de son meilleur match avec l'équipe nationale, le 24 février 1952, lorsque les Belges ont battu la grande Italie, 2-0. Rie Meert ne fit ses débuts en Coupe d’Europe qu'à 39 ans. Les Glasgow Rangers nous alors écartés sur le score de 5-2 lors de la saison 1959-60. Il arriva dès lors en fin de carrière.

Henri était très superstitieux. Il jouait chaque match avec un cordon noué autour de la taille. Il ne pouvait sortir du vestiaire sans celui-ci. Même lorsque ce joyau fut totalement usé, jusqu’à la corde. Avant chaque partie, il devait impérativement voir un mouton noir ou bien il ne voulait pas jouer. Il faisait parfois des kilomètres afin de trouver l'animal. Quand on lui servait à manger, il vérifiait soigneusement qu’il n’y avait rien de suspect dans l’assiette. Sa nourriture était généralement froide après son inspection approfondie.

Après sa carrière, il voulut devenir coach, mais la combinaison avec sa nouvelle profession de cafetier ne s'avéra pas la bonne. Il sauva néanmoins le Lierse de la relégation et il eut brièvement un certain Jean-Marie Pfaff sous son aile à Beveren. Mais après quelque temps, il se consacra exclusivement à son métier qu'il exerça avec succès pendant 23 ans. Ceux qui connaissent bien le stade doivent y penser quand ils sont au Green Park, en face de l'entrée principale. C’est dans cet endroit qu’il travailla, un établissement qui appartient aujourd'hui à d'autres hôtes, eux aussi amoureux du RSC Anderlecht.

Henri “Rie” Meert est à jamais l’un des nôtres.